Raphaël MISCHKIND

Xavier DEGANS et la réalité fantastique

XD fut très tôt un enfant prodige. De cela, il était intimement convaincu, et ma foi, lorsque je fis sa connaissance en 1968, je partageais assez vite son avis, après avoir examiné ses Œuvres.

 

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…Il est vrai que son entrée dans la Galerie avait été spectaculaire. Il m’apparut enveloppé d’une immense cape noire, qui seyait bien à sa haute taille et faisait ressortir l’étonnante fraîcheur de son teint d’adolescent. Il était entouré (déjà) d’une petite cour de jeunes gens et de jeunes filles qui semblaient s’agglutiner autour de lui avec la ferveur frémissante et quêteuse des « fans » d’une vedette de « rock » de « pop » ou de « folk song ».

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En partant, ce jour-là, il me salua avec noblesse, de sa grande canne à pommeau d’argent, souvenir prestigieux de son illustrissime Maître : le grand Salvador Dali.

Tout cela fit, qu’après avoir reconnu dans ses Œuvres encore jeunes, mais déjà prometteuses, une technique, un aplomb et même une invention indiscutables, je le présentai avec deux jeunes artistes en 1969 ; mais revenons un peu en arrière.

Celui qui fut à 14 ans premier prix scolaire de peinture pour six départements, puis entra à 17 ans dans l’atelier de Chapelain-Midy, obtint la même année la médaille d’or de la ville de Paris.

Depuis que de chemin parcouru.

Si il était juste que ce flamand d’origine, né à Dunkerque en 1949, fit sa première exposition, chez le libraire Demey en 1968, dans sa propre ville ; nous fûmes heureux de le présenter dans notre Galerie en 1969.

Nous le représentâmes en 1970 et en 1974, et il serait long et fastidieux d’énumérer toutes les Expositions personnelles et de groupe dont il jalonna son chemin ici, et là et ailleurs. Qu’il me suffise de rappeler celles du Manoir du Mad, de Metz, de Sainte-Maxime, de la Baule et les groupes où il les exposa, tant avec Ciry, Hilaire, Bernard Buffet, Ambrogiani, Carzou, qu’un peu plus tard avec Trémois, Brayer, Léonor Fini, Labisse et Dali.

En 1977 (il avait été en cela précédé par Buffet et Carzou) il obtint à Paris le « Prix Léonard de Vinci » et l’avis général rien ne pouvait mieux lui convenir.

Mais le grand mérite le plus évident de ce talent provocant (sinon parfois provocateur) c’est d’avoir désarmé l’ange à l’épée flamboyante qui veille farouchement sur le cercle magique des grandes collections et d’y être entré en Flandre d’abord, puis à Lyon, Monaco, Paris, et puis un peu plus tard à Bruxelles, Genève, Bâle, Zurich, Londres, Tokyo et New-York.

Degans se situe et s’affirme dans un post romantisme à la fois précis et impalpable, nimbé de brumes dorées et teinté de mystère. Rien n’est plus accordé au réel que ses plages solitaires, ses terres perdues, ses bouquets d’arbres décharnés au plein vent, d’où émerge parfois la silouhette d’un clocher de village, ses portraits gênants à force de perquisition, de viol psychologique ; mais le rêve l’emporte avec les nuages prométhéens qui se gonflent comme des nefs blanches dans le bleu ciel, dans ses marais déserts et privés de légendes, dans ses paysages séculiers où des chats lucifériens chevauchent des cerises démesurées, survolant des hivers inchangés depuis Brueghel.

L’univers de Degans devient magique lorsque la réalité se pare des artifices du rêve et devenue vision, s’enveloppe d’un habit de lumière.

RAPHAEL MISCHKIND

 

La double image

La double image n’est pas un rébus où il faut découvrir l’oiseau à l’envers, caché dans l’arbre. C’est une complémentarité de l’image par d’autres, qui se substituent les unes aux autres : et pas seulement un effet d’optique dû au hasard.

Lecture d’un tableau :

A la première impression, le spectateur se laisse sensibiliser par les couleurs, l’ambiance, le rythme des formes et presque instantanément, il découvre le sujet du tableau. Au deuxième regard, la curiosité attire l’œil sur des ensembles dynamiques et une exploration minutieuse des détails peut commencer. Après avoir mémorisé ces différents ensembles, un recul est nécessaire pour passer des sens instinctifs à une réflexion globale où la culture et la connaissance commencent le déchiffrage. C’est la confrontation entre l’œuvre et l’espace. La lecture d’un tableau à double, voire à triple images, oblige le spectateur à une gymnastique oculaire et intellectuelle plus complexe, parce que l’artiste joue avec ses symboles mêlés à des anecdotes allégoriques où toute son imagination explose de toute part dans une ambiance précise où la température et les ombres contrastent la lumière, qui permet le rêve poétique.

Le tableau devient le miroir de l’âme en symbiose avec l’esprit du spectateur. Ce miroir du rêve éveillé excite les fantasmes et bascule la réalité dans l’irrationnalité concrète.

Le poète concrètise l’immatériel par ses couleurs, ses formes, son dessin.

« Imaginez un piano doté de soixante quinze mille sons. Telle est la situation du peintre » Salvador Dali.

Expliquons la lecture d’une double image de trois manières différentes.

Premièrement, la curiosité amusante : le spectateur reste fasciné par surprises des inventions bizarres (Arcimboldo). C’est un divertissement décoratif et anecdotique, illustrant les saisons, les métiers, par des animaux, personnages, fleurs, poissons ou même paysages.

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Deuxièmement, les allégories intellectuelles ( ou mettre la logique du visible au service de l’invisible). Imaginez un fondu enchaîné de deux diapositives où les deux images se superposeraient ; donc deux images différentes qui en composeraient une troisième. La troisième est une image de synthèse, les deux autres sont des images complémentaires. Cette technique est employée pour réaliser des métamorphoses. (Zeus en cygne, métamorphose de Narcisse, ou Toréro hallucinogène de Salvador Dali).

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Troisièmement, la transfiguration métaphysique. Transfiguration : changement d’une figure en une autre. Métaphysique : après la physique (Platon), caractère abstrait. Il traduit la vision de l’homme qui se sépare de la nature par son aptitude à en déchiffrer ses mystères, à en révéler ses secrets. L’homme dépasse l’impasse du moi (ex la transfiguration, les apparitions). C’est la double voire la triple image visualisée en trois et quatre dimensions.

La troisième dimension : c’est la distance à laquelle il faut s’écarter du tableau, pour cesser de voir les éléments apparents et appréhender l’ensemble.

La quatrième dimension serait le temps d’observation et l’adaptation pour franchir la distance à la transformation de l’image sous le regard : jouer avec le temps, l’espace et la mémoire provoquant l’imagination suscitant l’émotion, révélant l’écho sublime, capter la lumière éphémère d’un mirage illuminé, dans une magistrale ellipse.

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(La mort du père, dans le paysage toute forme devient anthropomorphique, à l’effigie obsessionnelle du père. Les plans se dédoublent pour signifier les âges successifs. Les barques sont là pour indiquer le passage.)

De nos jours, l’artiste peut s’exprimer sans contrainte morale, religieuse ou politique, il exagère, escamote, il ment, exploite le terrorisme intellectuel, s’assied dans le confort de l’escroquerie mentale, puisque les critiques, conservateurs, marchands fonctionnent dans le même sens. Aujourd’hui, l’artiste est un homme libre… La liberté n’est-elle pas le choix des contraintes? Il est sans doute regrettable que l’abandon du « métier » (dessin, technique, habilité) au profit de la rapidité pour une plus grande production, ait amené la création « dite artistique » au chaos (visiter les musées d’art moderne). Nous sommes loin de la « vraie forme et leur raison, et de l’obstinée rigueur » de Léonard de Vinci.

Se faire des amis, c’est être un commerçant ; se faire des ennemis, c’est être un poète (Montherlant). Peintre ne craint pas la perfection, tu n’y parviendras jamais (Salvador Dali).

L’artiste invente des nouvelles méthodes d’esprit, choisit un nouveau système de référence pour créer une nouvelle pensée visionnaire, et inspire les hommes vers de nouveaux horizons qui transforment le monde. Les sciences nouvelles, la compréhension du monde de l’infiniment petit à l’infiniment grand, permettent au créateur d’anticiper l’avenir. La peinture, c’est la trans-substantation éroticomystique de la matière en inspiration qui s’écoule au bout de mon pinceau.

L’inspiration, c’est l’instinct et l’intuition nourrit par la connaissance.

Xavier DEGANS, Novembre 1987.

La Digipeinture

DIGIPEINTURE
Technologie de l’impression numérique haute définition au service de l’art.

Dans la continuité de la lithographie, la ®digipeinture permet, par le biais du numérique, la fidélité d’une œuvre durable de très haute qualité grâce aux nouvelles technologies.

Adoptée par les musées (Musé du Louvre, Bibliothèque Nationale de France, British Museum, the Art Institute of Chicago), et les artistes et collectionneurs, c’est la référence en matière d’impression numérique d’œuvres d’art.

L’estampe numérique, numérotée, signée par l’auteur est une forme de consécration de l’œuvre. Cette démarche vise à élargir la notoriété de l’artiste et à rendre le tableau accessible à tous.

Ces lithographies numériques sont réalisées à partir de photographies professionnelles avec un appareil à 39 millions de pixel, après vérification du fichier numérique par un infographiste, au niveau de la colorimétrie et du traitement de l’image. On utilise des imprimantes traceurs de haute résolution, 11 couleurs précisément calibrées. Les toiles d’art sont sans acide pour garantir leur conservation. Des encres à base de pigments encapsulés de résine assurent une pérennité et une fidélité de l’épreuve dans le temps pendant plusieurs générations (Source Wilhelm Imaging Research).

Ces œuvres sont toutes éditées, signées et numérotées par l’artiste Xavier DEGANS.

Qu’est-ce que la Digigraphie ?
La Digigraphie® est un label technique qui permet de produire ou reproduire une oeuvre d’art en série limitée. De quoi ouvrir de nouvelles perspectives aux artistes, mais aussi aux musées et aux galeries d’art.

Désormais, chaque création pourra avoir sa réplique numérique. Une réplique jalousement conservée, puisque chaque reproduction est numérotée, référencée et signée par l’artiste. La Digigraphie® est un label d’excellence qui répond à des critères précis et à des usages stricts.

C’est le gage de sa valeur et la condition de son succès.

Plus de liberté et de visibilité pour les artistes

Les artistes sont les premiers bénéficiaires de ce nouveau label. La Digigraphie® offre aux artistes plus de liberté, de visibilité, et leur permet de contrôler leur production personnelle.

Plus de visibilité
Par définition, une œuvre originale est unique. La Digigraphie offre à chaque artiste l’opportunité d’une distribution plus étendue de ses créations en proposant une édition limitée de haute qualité.

Des impressions durables
La grande force de ce nouveau label est de garantir dans le temps des impressions de très haute qualité. La durée de vie d’une Digigraphie® est plus élevée que celle d’une impression argentique traditionnelle, car elle peut aller de 60 à plus de 100 ans, selon le papier utilisé.

Une production contrôlée
La technologie des imprimantes Epson permet aux artistes de contrôler la qualité et la quantité de leur production. La Digigraphie empêche tout plagiat car chaque impression est numérotée, estampillée et signée. Chaque impression fait partie d’une édition limitée. Une fois que la quantité d’impressions en édition limitée est atteinte, il n’y en a pas d’autres.

Des impressions à la demande
Les artistes sont libres d’imprimer leurs œuvres au fur et à mesure, lorsqu’ils le souhaitent, sans aucun risque de ternissement. La Digigraphie® garantit une reproduction parfaite des couleurs et des nuances. Les impressions ne changent pas avec le temps. Les artistes peuvent, par conséquent, réaliser leurs impressions en fonction de la demande.

Un patrimoine mieux exploité
L’utilisation de la Digigraphie® permet de prolonger la vie d’une œuvre. Les artistes ont ainsi une nouvelle forme d’expression et un nouveau support pour le renouvellement de leur patrimoine. La Digigraphie® est une alternative aux impressions uniques ou volumineuses.

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Commode Louis XV attaquant férocement un guéridon républicain

Commode Louis XV attaquant férocement un guéridon républicain.
Traitement allégorique des menaces totalitaires sur la démocratie.
La commode Louis XV du pouvoir personnel a réussi à se saisir du délicat guéridon républicain et commence à le dévorer.
La commode agressive est traitée comme un fauve terrifiant. Elle détruit guéridon et va ainsi éteindre la lumière de la liberté, symbolisée par la lampe qui tombe. Posé sur le dos du félin, un miroir brutal sur pieds phalliques, reflète l’image de la République, quelque part prisonnière derrière des barbelés. A droite, l’autre miroir a été brisé et garrotté pour qu’il reste muet et pour qu’il ne garde plus le souvenir de la liberté. Le filet du fond évoque le piège tendu par le monstre. L’énorme langue rouge du premier plan, c’est l’image de l’imposture, de la propagande totalitaire, tandis qu’en bas à droite, en écho, on voit le combat d’un escarpin Chanel contre une chaussure prolétarienne.

« (…)Sujet politique s’il en est, là encore traité avec humour. Cette oeuvre va commencer par vous faire rire, c’est naturel. On va se dire : qu’est-ce que c ‘est que ce délire ? Et puis comme toujours chez Degans, on va devoir réfléchir, être contraints de se poser la bonne question : notre liberté n’est-elle pas plus fragile qu’on le croit? » Bernard Azzaretti

« Oeuf Poulette attaquant sournoisement un oeuf mi-mollet, lui provoquant la chair de poule. »

Peinture à l’huile, 1992.
L »Oeuf Poulette attaquant sournoisement un oeuf mi-mollet, lui provoquant la chair de poule. »

 

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C’est la dualité de la vie et de la mort et le triomphe de la mort, puisqu’aucun ne survivra.
On y voit la stigmatisation de nos rédhibitoires travers ; à savoir la violence, la méchanceté, la propension du méchant à asservir le faible. Cette vision sombre est à l’écoute de son époque, Xavier Degans aime introduire l’humour dans les sujets graves.
L’oeuf de droite, sorti de sa coquille, hors de lui, rouge comme la guerre expulse un souffle fulminant de haine incontrôlée et des venins méphitiques.
L’oeuf mi-mollet, à gauche, pâle, mou car à demi cuit est terrifié, et en a la chair de poule, car sa mort est certaine.